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7 innovations technologiques pour accélérer la croissance agricole en Afrique

J’assistais, l’autre jour, à ce que je croyais être un Nième forum parisien sur l’Afrique, sur le mode « l’heure du digital va les sauver ».
Mauvaise langue !

J’y ai entendu, en réalité, de passionnantes interventions sur le thème des nouveaux modèles d’innovations, et du dynamisme des économies africaines. J’ai fait aussi l’heureux constat aussi que de plus en plus d’Africains y ont la parole, enrichissant les échanges par une heure plus juste donnée sur certains sujets et l’éclairage de leurs expériences du terrain.

On progresse.

Je quitte donc ce forum grisé, je dois l’avouer, par le bel avenir de l’Afrique promis par ces sommités et experts, grâce au digital, accélérateur de croissance dans tous les secteurs…
Tous les secteurs ? Vraiment …?

Le temps de rentrer chez moi, et l’euphorie est un peu passée. Je n’arrivais pas encore à le formuler clairement, mais c‘était comme si je peinais à croire que l’agriculture africaine, occupant plus de 65% de la population active du continent, puisse être aussi « digital-compatible » que les autres secteurs.
Je ne pouvais pas m’enlever de la tête les maux de cette agriculture et le concentré des problématiques de développement et des difficultés de l’Afrique qu’ils représentent: faiblesse alarmante des niveaux de production et de productivité, défaut de formation, défaut de matériels et équipement, défaut de financement et finalement désamour de la jeunesse innombrable, pour ces métiers et se traduisant par un très forte exode rurale…

 

Pourtant, des changements de grande ampleur sont à l’œuvre et visibles

 

Pour chacun des maux de cette agriculture, sur lesquels je reviendrai plus en détail dans un prochain post, j’ai trouvé une multitude d’exemples illustrant les solutions et les changements de fonds qu’ont commencé à instillé le digital dans le secteur de l’agriculture, changeant les vies de millions de personnes.

Il y a comme une espèce de fourmillement d’initiatives initiatives, incontrôlables et spontanées, souvent totalement disruptives, dans toutes les parties du continent, et dont beaucoup sont portées par de jeunes Africains eux-mêmes à travers des start-ups agro.
Il m’a été difficile de choisir parmi ces initiatives, tant il y en avait.
Difficile de vous épargner la litanie des projets.
Je me lance…

 

SENEGAL. BAYSEDDO, LA BOURSE AGRICOLE.

J’ai rencontré Mamadou Sall, porteur de l’initiative, Bayseddo, une bourse agricole, qui met en relation les associations et coopératives d’agriculteurs et les particuliers qui souhaitent investir dans l’agriculture en achetant des actions agricoles à durée limitée (6 à maximum 12 mois). Il en est déjà à plusieurs campagnes orientées spécifiquement sur les productions agricoles dans la vallée du fleuve Sénégal.
Il permet aux agriculteurs d’accéder au financement et d’accroître leurs revenus après récolte et commercialisation des produits agricoles.
Une plateforme en ligne et une application permettent par ailleurs à l’investisseur de suivre son investissement en temps réel en créant un compte.
J’ai testé en tant que micro-investisseur sur une campagne, parlé à des responsables de coopératives agricoles bénéficiaires lors d’un récent passage au Sénégal : ça marche !

KENYA. FARMDRIVE.

Avec des techniques agricoles pas encore optimales, et des récoltes inégales et imprévisibles, obtenir un prêt ou des subventions est plus que difficile. Peris Bosire et Rita Kimani, filles d’agriculteurs Kkenyans ont décidé d’y remédier. Elles ont créé FarmDrive en 2014. Cette application mobile permet aux agriculteurs de renseigner les données de leur activité rapidement et facilement. Un moyen pour ces derniers de suivre leur productivité, leurs dépenses, leurs revenus. Autant de données dont l’entreprise se sert pour analyser la situation et les requêtes des agriculteurs. Un algorithme génère des modèles de performance, des profils et des scores de crédit facilitant l’analyse de risques et la prise de décision des financiers pour accorder un crédit. « En 2016, en travaillant avec un partenaire financier, FarmDrive a permis d’attribuer environ $130 000 de prêts à 400 agriculteurs. Il est important de comprendre que si ces chiffres peuvent paraître dérisoires du point de vue des proportions usuelles dans des agricultures occidentales, avec $50 un agriculteur peut ensemencer tout un champ » déclarent les deux entrepreneures.

 

TOGO. PROJET AGRIPME.

Soutenu par la Banque Africaine de Développement, ce projet introduit un service de paiements mobiles dans le secteur de l’agriculture. Le projet permet de répondre à la lutte contre le détournement de fonds, la corruption ou les rétro-commissions ; mais aussi de répondre au manque de prêts bancaires et de subventions. Il permet la distribution directe de subventions de l’État d’un montant global de 1,3 million de dollars. « AgriPME permet de limiter le nombre d’intermédiaires, de sécuriser le processus d’attribution des subventions aux agriculteurs et d’assurer l’utilisation des subventions aux fins pour lesquelles elles sont octroyées à savoir l’achat des intrants agricoles », disait Cina Lawson, Ministre des postes et de l’économie numérique du Togo, lors du lancement du projet fin 2016.
Ce porte-monnaie électronique pour agriculteurs compte aujourd’hui 272.418 utilisateurs. Après seulement deux ans, c’est un nombre plus que satisfaisant.

 

KENYA, OUGANDA ET TANZANIE. PLATEFORME MOBILE 2KUZE.

Dans la même veine, la plateforme mobile 2KUZE relie les agriculteurs, les agents, les acheteurs et les banques de ces pays, permettant aux petits exploitants de se connecter directement avec des acheteurs et des agents pour sécuriser le meilleur prix pour leurs marchandises, et recevoir des paiements en toute sécurité via leurs téléphones. Ils évitent ainsi de marcher pendant des heures pour rejoindre des marchés ou de devoir laisser une partie conséquente de leurs marges à des intermédiaires.

 

NIGERIA. HELLO TRACTOR

Réussir passe aussi par l’opportunité de travailler avec de bons matériels, chose pas toujours évidente en Afrique tant financièrement, que logistiquement. L’application Hello Tractor, palie à ce problème. Elle relie les propriétaires de tracteurs et les petits exploitants agricoles en Afrique subsaharienne. Elle permet notamment aux agriculteurs nigérians de louer des tracteurs à faible coût. Selon la start-up, cette solution a permis d’augmenter les rendements de 200 % chez ses clients. Elle représenterait 75 % des apports privés de tracteurs commerciaux au Nigeria, et s’étend aujourd’hui sur 5 autres pays africains.

 

NIGER. TELE IRRIGATION AVEC TECH INNOV

La start up Tech Innov a développé et met à disposition une application de télé irrigation permettant une distribution intelligente de l’eau et un pilotage à distance de l’irrigation des sols. Elle est utilisée dans de nombreuses exploitations maraichères. Son intérêt ? L’agriculteur pilote à distance l’irrigation de son exploitation avec son téléphone portable. Il collecte par ailleurs en temps réel des données météorologiques et hydrologiques pour agir en fonction, sans besoins d’investissement lourds. On imagine aisément la différence que cela peut faire dans un pays chaud et sec comme le Niger.

 

MADAGASCAR. MARKET PLACE BY ORANGE.

La société Orange met à disposition des agriculteurs et des acheteurs un service de marché virtuel (Market Place) sur mobile. Ils peuvent y consulter ou publier, H24, offres et demandes. Concrètement, l’agriculteur, où qu’il soit, met en vente sa production via son mobile, avec ou sans connexion internet. L’acheteur intéressé contacte l’agriculteur. Une fois un prix convenu, l’acheteur regle une avance par mobile money (Orange Money) qui lui garantit de disposer de sa marchandise quand il passera la récupérer.
On voit l’apport et le potentiel du digital dans l’amélioration de la commercialisation et dans la modification de rapport de forces qui n’y sont pas traditionnellement favorables aux agriculteurs. Exit court-circuiteurs, intermédiaires et autres spéculateurs, qui se sont multipliés entre le producteurs et l’acheteur final, en réduisant la marge des agriculteurs et en augmentant les prix de vente finaux.

 

ÉTHIOPIE, GHANA, MALAWI, NIGER. VULGARISATION AGRICOLE BY DIGITAL GREEN.

Le manque de techniques peut aussi être comblé par la formation digitale. 1,2 millions d’agriculteurs sont formés aux meilleures pratiques grâce aux vidéos produites par l’organisation Digital Green et à ses services de vulgarisation agricole à bas coût. Depuis 2008, Digital Green est à l’origine de plus de 6.000 vidéos d’intérêt local dans plus de 50 langues. Créées en avec les agriculteurs ruraux eux-mêmes, elles permettent aux agriculteurs de partager leurs connaissances entre eux.

 

…Soutenus par des Etats et des institutions de développement régionales qui jouent de mieux en mieux leurs rôles

 

Si les entrepreneurs ayant les bonnes idées pour permettre à l’agriculture africaine d’exprimer tout son potentiel ne semblent pas manquer, le cadre réglementaire et les investissements massifs et structurants initiaux nécessaires pour orchestrer l’envol promis, ce sont les Etats qui peuvent et doivent les porter. Pour l’essentiel.

C’est le cas en Éthiopie, immense pays agricole dont les terres voyaient leurs rendements décroître d’année en année. Pour endiguer le phénomène, le ministère de l’Agriculture s’est mué en data scientist. Il a lancé en 2012 le projet Ethiopian Soil Information System (EthioSIS) pour cartographier la fertilité des sols grâce à un satellite et recommander pour chaque région les engrais les mieux adaptés. L’Etat a également analysé les sols de 18 000 districts ruraux du pays, appelés qebelés. Les sols sont analysés grâce à la participation des fermiers sur le terrain, qui remettent aux agents d’EthioSIS un échantillon de leurs parcelles. On invente alors de nouvelles variétés d’engrais selon les besoins nutritifs spécifiques des sols de ces qebelés. Résultat : la production de blé s’est redressée spectaculairement, passant de 1 tonne à 3 tonnes par hectare dans les qebelés.

Au Rwanda, c’est à l’opérateur télécom principal du pays que le gouvernement s’est associé, pour monter le projet e-soko. Il consiste à mettre à disposition des agriculteurs 35.000 téléphones portables à distribuer aux coopératives agricoles sur l’ensemble du territoire. Ces téléphones mobiles permettent de fournir toute l’information sur les marchés et les pratiques agricoles dont les agriculteurs ont besoin.

Pour répondre au manque de techniques, bridant l’efficacité de certaines cultures, la Banque Mondiale avec le gouvernement propose une solution originale au Kenya. Elle développe des observations agro-météorologiques en croisant des données obtenues par des capteurs automatiques d’humidité des sols et une plateforme cloud et, ainsi, assurer un suivi précis des conditions climatiques. Ces données permettent aux exploitations familiales de savoir quand recourir à des intrants, et selon quelles modalités, en vue d’optimiser leur production. Résultat : des rendements dopés tout en réduisant la consommation d’eau.

Ca c’est pour le « côté pile », disons. « Côté face » à suivre dans mon prochain post…

 

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