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GAFAM : investisseurs en Afrique ou investisseurs de l’Afrique ?

GAFAM!!!

Aaah, cette langue est formidable !

A une préposition près, vous dites une chose et son contraire dans un titre : vous passez de l’idée d’utiliser des capitaux dans un but de profit (neutre, en soi), à l’idée de cerner, entourer avec de troupes un lieu, au point de l’occuper ou de paraître l’occuper complètement. 

Précisez ingénument, juste après, l’éthymologie de ce mot « investir » du latin investire (« revêtir, garnir » d’où « entourer »), de in- (« dans,sur ») et vestis (« vêtement »), et vous pouvez aller vous occuper à autre chose…

Les GAFAM, ou Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft, ces géants américains du numérique poursuivent leur implantation en Afrique. Le continent qui compte aujourd’hui environ 268 millions d’internautes (sur 1,2 milliards d’habitants) est une vraie « mine d’or » : le nombre des internautes qui utilisent les GAFAM ne cessent d’augmenter , il y a une demande colossale à satisfaire en termes d’accès à l’internet et les GAFAM n’ont à peu près aucune concurrence locale ou régionale.

Microsoft domine sur le terrain institutionnel, en s’installant comme LE fournisseur en technologie bureautique de la quasi-totalité des gouvernements africains. L’entreprise de Bill Gates est de plus à l’origine de deux immenses datas centers en Afrique du Sud et des sites physiques regroupant des installations informatiques chargées de stocker et de distribuer des données (futura-sciences.com). Avant cette arrivée, de nombreuses entreprises s’appuyaient sur des services de cloud basés à l’étranger. Un créneau de la gestion de données convoité également par Amazon, qui devait ouvrir à Cape Town un data center ce premier semestre 2020.

Google et Facebook semblent avoir, quant à eux, des stratégies plus « softs », en supportant les initiatives locales et le développement de start-ups par exemple. En juin dernier, Google qui chapeaute déjà une soixantaine de start-ups ainsi que des centaines de milliers de développeurs sur le continent, a annoncé l’ouverture, à Accra, d’un centre de recherche en Intelligence Artificielle. Une première sur le continent.

L’an dernier Facebook lançait dans la Yabacon Valley, le pendant nigérian de la Silicon Valley, l’infrastructure “NG_Hub from Facebook”.

Objectif : bâtir une “communauté technologique” en rassemblant au même endroit des entrepreneurs des développeurs de logiciels et des start-ups. Facebook espère ainsi officiellement attirer les talents nigérians et stimuler l’innovation technologique du pays.

Si ces GAFAM, géants du numériques encouragent le développement technologique du continent, il faut aussi de poser la question suivante : à quel prix ?

Bien sûr, ce n’est gratuit ; et si cela à l’air de l’être, « c’est que le produit vendu c’est vous, c’est nous ! ». Vous connaissez la rengaine…

FAGAM
Kyiv, Ukraine – September 5, 2019: A paper cubes collection with printed logos of world-famous social networks and online messengers, such as Facebook, Instagram, YouTube, Telegram and others.

Les GAFAM collectent massivement des ressources inépuisables qui leur serviront à eux, et qu’ils vont également revendre à tous. Ces ressources ce sont les données personnelles des centaines de millions d’africains connectés.

Elles alimentent l’intelligence artificielle, et pourraient, au mieux, permettre d’améliorer les systèmes de santé ou l’éducation par exemple en s’adaptant parfaitement aux profils des utilisateurs.

Au pire, les GAFAM permettent à ces entreprises de mieux vendre en nous connaissant sur le bout des doigts, voire d’influencer et manipuler nos choix et opinions.

Et alors, me direz-vous ? Cette nouvelle forme de fichage est le lot de tous les internautes du 21ème siècle, non ?

Et bien pas tout à fait. En Europe la protection des données collectées sur internet est récemment entrée dans la loi. Le fameux RGDP, Règlement Général pour la Protection des Données, oblige les collecteurs de données personnelles dans l’Union Européenne, à obtenir au préalable le consentement des internautes et à expliquer clairement l’utilisation qu’ils comptent en faire.

Une précaution devenue obligatoire suite au scandale Cambridge Analytica lors duquel les informations glanées sur Facebook avaient permis d’influencer grandement l’élection de Donald Trump. Entre autres.

Entre autres, car selon Jeune Afrique, Cambridge Analytica ne s’est pas contentée de favoriser par les moyens qu’on sait l’élection de Trump. Il semble qu’elle ait aussi joué un rôle similaire dans les campagnes électorales au Kenya (2017) et au Nigeria (2015) …

L’Afrique ne fait rien pour protéger ses internautes de ces puissances américaines de FAGAM. Le président du think tank « For a Shared Prosperity in Africa », le Tunisien Mondher Khanfir pense que les dirigeants africains risquent de se réveiller trop tard : « Ils ne se rendent pas compte qu’en déroulant le tapis rouge aux GAFAM ils empêchent des start-up locales d’émerger.

Et qu’ils sont en train d’abandonner une partie de leur souveraineté dans le domaine du numérique et des données. »

L’universitaire George Danezis, de l’University College, à Londres, définissait le cybercolonialisme comme « une politique ou une pratique permettant de prendre le contrôle total ou partiel du cyberespace d’un autre pays, d’occuper celui-ci par des technologies et des composants servant des intérêts étrangers et de l’exploiter économiquement ».

Je ne sais pas… cette définition et cette situation me rappelle quelque chose…

Sources :

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