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Enfin, l’Afrique à l’assaut de sa plus grande richesse… loin de son (sous)sol ! – Partie 2

Depuis 1990, chaque année, plus 20.000 personnes par an, au moins, quittent le continent africain. L’étude du profil de ces migrants tord le cou aux clichés.(https://yannhazoume.com/cnuced-2018-un-regard-nouveau-sur-les-migrations-africaines/ ). L’exploitation intelligente du potentiel de cette diaspora est devenu un enjeu, tant pour les pays d’origine de cette diaspora africaine, que pour les gouvernements des pays qui les accueillent et dont ils sont souvent devenus citoyens (lien vers la partie I de cet article: (https://yannhazoume.com/enfin-lafrique-a-lassaut-de-sa-plus-grande-richesseloin-de-son-soussol/). Le potentiel financier d’abord. Il est important, certes, mais il ne me semble pas le plus important.

La diaspora de compétences professionnelles, cette ressources que je nommais « or gris » dans la partie I de ce papier (lien vers partie I : https://yannhazoume.com/enfin-lafrique-a-lassaut-de-sa-plus-grande-richesseloin-de-son-soussol/), et qui touche directement mon activité, le recrutement, me semble avoir des enjeux beaucoup plus larges : liens plus forts et plus durables avec le continent/pays d’origine, contribution au développement à long terme, liens avec les politiques publiques et les plans de développement-pays, potentiel d’inclusion plus large, opportunités de social business…

Il n’est pas (toujours) nécessaire de réinventer la roue

Par curiosité, je suis allé chercher ce qui avait été fait par le passé dans l’exploitation du gisement de richesse de la diaspora de competence africaine, avec l’intuition que l’on pouvait recycler des idées et projets.

J’ai trouvé 2 initiatives intéressantes:

  • Le SANSA Le South African Network of Skills Abroad (SANSA), qui, par le biais d’une plateforme online invite les professionnels sud-africains de la diaspora à intégrer un réseau. Une fois inscrits au SANSA, les professionnels sont accompagnés et peuvent offrir de former ou d’aider leurs homologues sud-africains, ou bien proposer de les aider dans leurs recherches. Ils peuvent aussi faciliter des contacts commerciaux et communiquer des informations sur des recherches introuvables en Afrique du Sud. Les membres du SANSA peuvent aussi contribuer au transfert de technologie vers leur pays d’origine.
  • Le RANDFORUM. Ce forum de recherche et développement pour le développement par la science en Afrique (RANDFORUM), au Kenya, a mis en oeuvre, il y a plusieurs décennies déjà, diverses solutions de rapatriement des professionnels et intellectuels africains : 
  1. Repérer les Africains avec les compétences utiles au pays, installés à l’étranger et désireux de rentrer travailler chez eux.
  2. Délocaliser des professionnels et scientifiques de « pays africains en détresse », tels le Libéria ou la Somalie à l’époque, pour les réimplanter ailleurs en Afrique, où ils pouvaient continuer à être productifs, au lieu de les voir partir pour l’Europe ou les Etats-Unis.
  3. Aider à organiser leur retour au pays une fois la situation normalisée.

Formidable?

Oui. Sauf que ces 2 idées datent de la fin des années 80 et des années 90, et qu’on n’en trouve plus aucune trace à partir du début des années 2000; si ce n’est dans les livres de chercheurs. Une absence de traces en ligne qui pousse à croire que les deux projets se sont éteints de leurs belles morts…

Des conditions de réussites à mieux considérer ?

Quelques hypothèses sur les raisons pour lesquelles ces initiatives pertinentes n’ont pas prospéré :

  • Elle sont malheureusement arrivées peut-être trop tôt. Les dynamiques en cours sur le continent africain aujourd’hui et les technologies de l’information et de la communication permettent de donner corps à des plateformes et projets que l’on osait même pas rêver hier.
  • Ces projets, requéraient ou bien une solide coopération inter-états, ou des états stables. Or nous étions dans un contexte et à une époque où les institutions régionales africaines, et les états, qui auraient pu porter ces projets, étaient faibles. A nouveau les conditions sont nettement plus favorables aujourd’hui de ce point de vue.
  • Ces projets étaient quasi exclusivement publics, sans partenariats avec le privé ; sans ou avec très peu d’implication active des membres de la diaspora, eux-mêmes.
  • Enfin et surtout, la question centrale pour les pays  était quand même la suivante : faire rentrer la diaspora la mieux formée, oui, mais pour quoi faire ? Les plans de développement-pays en Afrique, ambitieux et adossés à une vraie vision et un contexte économique plus favorable, sont assez récents. Idem pour le secteur privé : les entreprises se sont assez récemment seulement engagées dans le recours systématique à cette diaspora.

Des projets contemporains capitalisant sur ces acquis

Des initiatives reprennent aujourd’hui, en les améliorant, bon nombre des contenus de ces projets anciens qui avaient commencé à défricher un champ prometteur.

Le Maroc, pionnier, avec l’initiative Marocains du Monde (MDM)

Le Maroc est le 1er pays africain à avoir compris et mis en place, il y a près de 30 ans, une politique structurée et proactive à l’égard de sa diaspora.

Entamés par la mise sur pieds d’institutions dotées de ressources, pour créer et entretenir le lien avec les Marocains de l’étranger (écosystème financier notamment), les 1ers efforts se sont ensuite étendus à l’identification et à la valorisation des compétences de la diaspora, pour le pays, grâce à plusieurs outils digitaux et événements. Le but : permettre à tout marocain, où qu’il réside dans le monde, de contribuer à l’avancée du pays, au-delà de la problématique du retour ou non « au pays ».

Les programmes MIDA (Migrations pour le Développement en Afrique).

Des projets du MIDA ont été lancées dans les années 90 par l’OIM (Organisation internationale pour les migrations) dans plusieurs pays comme le Ghana et le Sénégal.

L’objectif est « d’aider les pays africains à répondre aux carences en Ressources Humaines dont ils sont victimes, en faisant appel aux Africains de la diaspora», déclarait Tauhid Pasha de l’OIM, dans un entretien à Médiapart. Ils mobilisent à la fois les gouvernements des pays africains et des pays hôtes ; ainsi que des membres de la diaspora du continent, incités à des retours « temporaires, de longue durée ou virtuels ».

En Somalie, « plus d’un tiers du gouvernement a été composé, à une époque, d’anciens membres de la diaspora, approchés par MIDA», rapporte Florence Kim, porte-parole de l’OIM.

Au Ghana, le projet MIDA Ghana Health 2008-2012 aura permis le retour temporaire au Ghana de plusieurs centaines de professionnels de la santé, au profit d’institutions de santé locales. Les résultats de cette initiative ont conduit le gouvernement ghanéen à inscrire formellement la contribution de sa diaspora dans son plan quadriennal de santé 2012-2016. Le rôle de sa diaspora dans le développement de ce pays s’est ensuite considérablement accru. La récente déclaration officielle du président Nana Akufo Ado faisant de 2019 l’année du retour de la Diapora, avec la plateforme complète dédiée, www.ghanaiandiaspora.com/, sont les prolongations de ces années d’explorations de projets liés à l’utilisation de l’or gris ghanéen.

Projet « MeetAfrica ». Après 2 années d’incubation, cette initiative visant à pousser plus loin les actions des membres des diasporas du Mali, de la Tunisie, de l’Algérie, du Cameroun, du Maroc et du Sénégal a vu le jour en Septembre 2018. Le but : encourager les cadres de la diaspora (diplômés de l’enseignement supérieur) à lancer des entreprises innovantes dans leurs pays d’origine, créant ainsi richesse et de l’emploi en Afrique, tout en enclenchant un « retour des cerveaux ».

Ce projet a été financé à hauteur d’1,7 million d’euros par l’Union Européenne et le Centre International pour le Développement des Politiques Migratoires (ICMPD). A cela s’est ajouté un cofinancement du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères.

Pour cette première édition, 80 sélectionnés sur 279 candidats ont pu bénéficier d’un accompagnement technique et financier. Le projet devrait s’inscrire dans la durée, une seconde édition étant déjà en préparation.

Attirer la diaspora de compétence passe donc d’abord par l’identification et la qualification de ses membres, à travers des bases de données et des plateformes en ligne.

Il faut ensuite communiquer avec elle et créer le lien, puis les connecter avec les opportunités professionnelles, les opportunités d’affaires et leurs porteurs existant dans le pays, après un matchmaking plus ou moins poussé.

C’est quelque chose qui ressemble, par bien des aspects, à un aspect du métier de recruteur.

C’est donc naturellement que j’ai récemment lancé une offre de service de conseil pour les gouvernements et les institutions africaines souhaitant formaliser leurs stratégie d’identification, de qualification et de contact avec leurs diasporas.

Les initiatives ci-dessus sont essentiellement orientées « diaspora de compétences ».

Quand diaspora de compétences et diaspora financières sont toutes les deux à l’œuvre dans un même projet, cela donne des effets démultipliés.

Dans une prochaine interview (lien vers ma chaine youtube : https://www.youtube.com/channel/UCPXgCNkZ0nPMYE3z0zATu6g/videos ), je vous présenterai le promoteur d’une initiative originale de ce point de vue…

Sources :

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Fintech, diasporas, et transfert de fonds

C’était attendu et la Banque Mondiale l’avait bien annoncé au 1er trimestre de l’année dernière : la crise du COVID-19 risquait d’avoir un effet délétère sur les remises migratoires, ces transferts que les membres…

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