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Chine et Afrique : deux milliards de drôles d’amis.

Longtemps, l’occident s‘est inscrit en partenaire premier de l’Afrique. Cette relation que l’histoire a imposée semble menacée. Et comme un symbole du réveil des pays du Sud, c’est maintenant à la Chine que l’Afrique aime s’associer. Pour le meilleur comme pour le pire, dans de multiples domaines.

A commencer par la relation industrielle.

Le 30 Juillet dernier un nouvel accord Afrique-Chine voyait le jour au Zimbabwe.

On ne peut que remarquer la place croissante de la relation sino-africaine, particulièrement pour les pays les plus économiquement avancés d’Afrique noire.

Le gouvernement zimbabwéen a, dans la foulée de l’élection présidentielle de fin Juillet 2018, vendu à la Chine l’accès aux informations biométriques de ses citoyens. En échange de l’expertise chinoise en matière de vidéo surveillance. Si, si si…

Le fonds de l’affaire fait froid dans le dos. Concrètement, les logiciels de reconnaissance faciale chinois manquaient de fiabilité face aux profils de personnes noires de peau. Il fallait donc enrichir leurs bases de données de centaines de milliers d’individus noirs pour améliorer leur intelligence artificielle. Heureux (on s’entend, bien sûr !) concours de circonstance, puisque dans le même temps, le Zimbabwe cherchait à mettre en place un système de vidéo-surveillance dans le pays. La start-up chinoise CloudWalk Technology s’en chargera. En échange des dites photos et donnée. Deal !

Ubuesque, cocasse, scandaleux et non éthique. Certes. Mais cet échange n’en reste pas moins la dernière illustration de certains traits des nouvelles relations sino-africaines.

Parfois ces échanges semblent gagnant-gagnant. Parfois.

Les intérêts des chinois pour l’Afrique ne s’arrêtent pas aux minerais ou au pétrole. Le potentiel du marché africain en termes de consommation, de construction et de manufacture est considéré avec beaucoup d’intérêt par les providentiels nouveaux “partenaires” de l’Afrique. Et comme prêter d’importantes sommes ne leur fait pas peur…

Le Nigéria, pays le plus peuplé du continent, en est l’exemple parfait.

En 2017, le Nigéria obtenait un prêt de 7,5 milliards de dollars de la part de la Chine, dans le but de construire un chemin de fer reliant Lagos à la ville de Kano. En 2018, un projet de construction d’un métro dans la capitale, Abuja, était attribué à la société chinoise China Civil Engineering Construction Corporation (CCEC) pour un montant de 823 millions de dollars.

Dans le même temps toujours au Nigeria, la banque Exim Bank et le constructeur China Great Wall s’associaient pour financer (entièrement !) deux satellites de télécommunications au profit du Nigeria. En échange, la Chine prendra une participation dans Nigcomsat. Cette compagnie appartenant à l’Etat nigérian a pour but de devenir l’une des principales en termes de communications satellitaire du continent.

Dites, c’est moi, ou bien ils sont parfaitement inconscients ? Ça ne sent pas à plein nez le coup fourré, ça ? Confier ad-vitam la clé de leur maison (Nigeria) et celle de voisins (satellite à portée continentale) à des inconnus ?

Pardon, des “partenaires” !

En parlant de contreparties, les gouvernements africains ne semblent pas avoir tiré les leçons de l’euphorie de l’endettement des années 70, où le crédit coulant à flot avec des taux d’intérêt très bas ont permis les pires “dingueries”. Suivi des cruels ajustements structurels des années 80/90. Je vivais avec ma famille au Benin durant ces années de braise, et peux témoigner que la population a très sérieusement morflé.

Mais il faut croire qu’on a la mémoire courte, sous le soleil.

De nombreux gouvernements africains sont impliqués dans de tels accords portant sur des projets pharaoniques et prêts de plusieurs centaines de millions de dollars.

En août 2018, le FMI s’inquiétait du nombre croissant de pays surendettés en Afrique. Un risque d’autant plus préoccupant que les créanciers sont bien souvent, comme avec les entreprises chinoises au Nigeria, des sociétés privées moins flexibles et plus chères que des créanciers publics.

Dans le même temps, un sondage réalisé par Afrobarometer en 2016 dans 36 pays du continent a montré que, pour 63 % des Africains, l’influence chinoise a été « plutôt positive » ou « très positive ». Alors que l’entente entre le continent noir et l’ancienne “usine du monde” dépasse désormais la seule logique industrielle mais s’élargit maintenant à la culture, à l’éducation. Il doit avoir à boire et à manger là-dedans.

Mais bon, si le sondage dit que la Chine est le meilleur ami de l’Afrique…

Sources :

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