Le continent est très largement en dessous de ses capacités de production en énergie solaire.
Selon Sylvie Rantrua, dans un article récemment publié par le Point Afrique (1), l’Afrique disposerait d’un potentiel de production théorique de 60 millions de TWh/an (térawattheures par an), contre respectivement 37,5 et 3 millions pour l’Asie et pour l’Europe.
Et le continent n’en aurait produit en 2017 que 4,6 !
Le solaire ne représenterait que 2 à 3 % du mix électrique de l’Afrique : sur 80 gigawatts (GW) installés, le photovoltaïque ne représente que 1,5 GW.
Risques élevés toujours très étroitement liés au financement
A la différence d’autres types de centrales comme les centrales thermiques, l’essentiel du coût d’une centrale solaire relève de dépenses d’investissement lourdes, et sur un terme long. Obtenir des Etats et de leurs entreprises nationales d’électricité, notamment, la garantie de la régularité et de l’intégrité des paiements sur des durées de 20 à 25 ans est donc capital pour que de tels projets continuent à se développer. On le voit ces dernières années, ces projets contribuent vraiment à réduire le gap des besoins des populations et des entreprises africaines en énergie.
Le chercheur à l’IFRI Centre for Energy, Hugo Le Picard, ne dit pas autre chose lorsqu’il estime que « Le défi du solaire en Afrique subsaharienne n’est ni technologique ni technique, mais avant tout financier. »
Les clients avec lesquels je travaille pointent le risque que cette pandémie Covid-19 et ses conséquences (baisse d’activité économiques et de croissance, risques de changes, etc.) fait peser en termes de raréfaction des financements, déjà longs et compliqués à réunir en temps ordinaires.
Funeste actualité producteurs indépendants français d’énergie solaire, mais qui, paradoxalement, peut accélérer leur développement à l’international
Fin septembre 2020, coup de tonnerre dans l’univers des producteurs d’énergie solaire français : l’état français a indiqué souhaiter remettre en cause les contrats photovoltaïques signés avant 2011 ! L’idée derrière cette mesure budgétaire étant de générer des économies de 600 millions d’euros.
Selon les 1ers concernés, cette telle mesure aura des conséquences dépassant le seul secteur des énergies renouvelables, et dépassant également ses impacts directs et indirects.
Il s’agit, en effet, d’une remise en cause de la confiance entre l’Etat et les investisseurs, susceptible de freiner la transition énergique en France, mais pouvant aussi toucher d’autres secteurs où la signature de l’Etat est une composante clé des projets (infrastructures routières et télécoms notamment).
C’est aussi un préjudice pour des épargnants. Ceux-ci avaient opté pour des placements vertueux de leur épargne et pour leur future retraite. Le fait est que les projets photovoltaïques dont il est question, et dont le tarif est remis en cause, sont en exploitation depuis des années et beaucoup ont été cédés à des institutionnels (compagnie d’assurances, groupe de retraites, Groupe Caisse des dépôts, etc.), tous invités à investir, à l’initiative de l’État, dans des actifs sans risque, afin de placer les retraites, en contrepartie de créances sûres. Ces acteurs sont menacés par une perte sèche qui sera probablement répercutée aux épargnants en bout de chaine.
Enfin, ce projet qui sera immanquablement contesté légalement, risque d’engendrer de nombreuses et très longues procédures à l’issue indéterminée (cf. cette analyse de Me Arnaud Gossement (2)).
Paradoxalement ce manque de lisibilité à moyen et long terme en France pourrait, si ce projet est maintenu, constituer une incitation additionnelle pour les producteurs à accélérer leur développement sur d’autres marchés à l’international, plus prometteurs en termes de rentabilité et plus vierges, comme l’Afrique, me confiait un client récemment.
Et pourtant, l’innovation continue avec de belles perspectives pour l’Afrique
Courant juillet 2020, Qair (ex groupe Lucia) signait avec la STEG (Société Tunisienne d’Electricité et de Gaz) un accord pour réaliser le 1er projet de centrale photovoltaïque flottante en Afrique d’une capacité de 200 kWc.
Orientés pleins sud, ces panneaux solaires flottant seront visibles dès la mi 202 sur le lac de Tunis.
Ce projet est porté et financé par le Fonds d’Etude et d’Aide au Secteur Privé (FASEP) du ministère de l’Economie et des Finances français, qui a lancé en 2019 un appel à projets intitulé « Solutions innovantes pour la ville durable en Afrique ».
Ce fonds (subventions ou avances remboursables) est destiné à tous types d’entreprises et prioritairement les PME, et a pour vocation de soutenir les études de faisabilité ou la démonstration de technologies vertes et innovantes. Il intervient en amont de projets d’infrastructures et est un dispositif de soutien à l’internationalisation des entreprises françaises, il permet à l’entreprise porteuse de l’étude de démontrer l’efficacité de ses méthodes et d’acquérir une référence dans le pays partenaire.
Il ne fait pas de doute qu’une réussite sur le terrain d’essai de Qair de cette technologie en Tunisie ouvrirait des perspectives nouvelles ailleurs en Afrique.
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