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L’éducation, nouveau challenge de la relation Afrique – Occident

Éducation et Afrique, une association de mots qui semble chère au Président Macron. Déjà, le 28 novembre 2017, lors d’un discours prononcé au Burkina Faso Emmanuel Macron clamait qu’il observait “[…]parfois dans certains quartiers de [son] propre pays, la déscolarisation des jeunes filles progresser”, avant de faire un parallèle avec l’Afrique, avec un grand “A”, puisqu’il ne semble n’y avoir qu’une seule Afrique…  “Si l’Afrique veut réussir, et la France avec elle, ce grand basculement du monde, nous devons former et éduquer tout le monde, et nous devons éduquer les jeunes filles, nous devons avoir des jeunes filles et des femmes libres, libres de choisir. Et je le dis pour vous, jeunes hommes qui êtes là, c’est bon pour vous.”

Si le vieux paternalisme du jeune chef de l’Etat français avait alors fait couler de l’encre, ce dernier ne semble pas avoir pris acte de sa maladresse, pour dire le moins. Le discours qu’il a prononcé le 26 juin 2018 en marge d’une rencontre avec le Pape François au Vatican est dans la même veine. Comme l’a par la suite commenté Marco Impagliazzo, président de la communauté de fidèles catholiques Sant’Egidio, présent lors de la venue du Président Macron : « Avec le président Emmanuel Macron, nous avons parlé de l’Afrique (AAAh, cette Afrique, toujours aussi une et aussi uniforme!) du développement de la jeunesse africaine et des plans d’éducation qui peuvent permettre aux jeunes Africains de rester dans leur pays et d’y travailler ».

La récurrence du sujet démontre une réelle préoccupation de la part du Président Macron; ce qui en soi peut être positif.

Mais pourquoi est-on si souvent sur le registre des raccourcis faciles lorsqu’il faut aborder la question du continent Africain ?

Et d’ailleurs, aujourd’hui, au 21ème siècle, qui demande encore à la France d’éduquer l’Afrique ? Est-ce le rôle de la France et de la “communauté internationale” que d’éduquer la jeunesse africaine ?

Pour ceux qui ont la mémoire courte, la dernière fois que la communauté internationale s’est massivement “occupée” de l’éducation de l’Afrique c’était à l’occasion des “plans d’ajustements structurels” qui se sont appliqués à démembrer méthodiquement et sans discernement des pans entiers du secteur public africain, éducation publique y compris. Pour finalement voir le “crazy duet”, Banque Mondiale/FMI, reconnaitre les abus de leurs solutions d’austérité… des décennies plus tard. Des abus notamment liés à des “erreurs d’appréciation”, comme le reconnaissait dès 2013, Olivier Blanchard, économiste en chef du FMI, au micro de France Culture, dévoilant que le FMI a très largement sous-estimé l’impact négatif de l’austérité sur la croissance économique. L’erreur dans les calculs est tout sauf anecdotique, puisqu’elle est estimée à environ 300 %…

Vous avez dit éducation ?

Permettez-moi de me questionner sur les prescriptions des nouveaux médecins au chevet de l’Afrique. En lieu et place des États Africains, je m’occuperais, moi-même, et très très vite, de ma politique éducative. Je dis ça, je ne dis rien…

L’éducation, l’heure de la remise en question

Des initiatives comme celle de Sant’Egidio existent depuis longtemps. En effet la communauté de Sant’Egidio possède un vaste réseau d’«écoles de la paix» travaillant pour l’alphabétisation et l’éducation à la paix dans trente pays africains à travers de programmes dans lesquels la France a investi.  Mais sont-elles encore crédibles et pertinentes de nos jours ? Aujourd’hui l’éducation est d’ailleurs en baisse malgré la volonté d’offrir un accès à la scolarité au plus grand nombre. Comme le rappelle, auprès du journal Le Monde au sujet de l’éducation en Afrique, l’économiste Makhtar Diop, actuel vice-président de la Banque Mondiale depuis 2012 : « Tout le monde a sa part de responsabilité dans cette situation déplorable. L’accent a été mis, ces dernières décennies, sur l’accès du plus grand nombre à la scolarité au détriment de la qualité. Le contenu de l’éducation est aussi en cause. Seuls 22 % des Africains reçoivent une formation dans les sciences, l’ingénierie et les mathématiques. C’est insuffisant. »

Insuffisant en effet à l’heure de l’économie du savoir !

Mais il ne faut pas se tourner vers l’extérieur mais plutôt vers des initiatives et avancées générées par le continent lui-même, et les doper, littéralement.

A défaut d’avoir réussi la constitution de puissants pôles universitaires régionaux et publics, mutualisant les ressources de plusieurs états Africains, pour une éducation supérieure de qualité à un plus grand nombre, des initiatives privées allant dans ce sens ont vu le jour.

Déjà, six universités du continent (dont 5 issues d’Afrique du Sud) apparaissaient en 2017 dans le prestigieux classement de Shanghai regroupant les 500 meilleures universités au monde. Un chiffre encourageant mais trop loin du nombre d’universités américaines, européennes et même asiatiques. Et avec une sous-représentation des disciplines scientifiques, et un créneau à prendre sur le numérique.

Et si la solution venait aussi du privé ?

Il faut reconnaitre que le tout privé issus des plans d’ajustement structurels aura au moins permis l’émergence d’une offre d’éducation supérieure de bon niveau sur le continent. Même si elles marginalisent de fait les populations les plus pauvres, tenues à l’écart de ces institutions payantes…

Dans l’enseignement supérieur les écoles privées ont su se hisser à un bon niveau et prouver leur qualité, sans aide. Ainsi l’ISM et l’IAM au Sénégal, l’ESCA au Maroc ou encore la Lagos Business School proposent des formations, plus précisément des Master in Business Administration (MBA) accrédités ou en cours d’accréditation et reconnus pour leur qualité, comme le soulignait le Monde dès 2016.

Plus tôt cette année, Aliko Dangote, le célèbre homme d’affaires nigérian et homme le plus riche d’Afrique (selon Forbes), lançait sa propre école de commerce et de management au nord du Nigeria, la Dangote Business School. Espérons que cette école parviendra à documenter et généraliser l’étude de VRAIS business cases (cas concrets d’études, modèles) africains, à côté de business cases internationaux, qui sont la marque de fabrique de ces fameux MBA.  Cette initiative deviendrait alors un véritable modèle crédible et contribuerait à solutionner le problème plus vaste de l’acculturation des élites africaines et de leur fascination de modèles venus d’ailleurs. Un modèle privé à suivre…

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